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Sandie
Boulanger

Réflexologue, Sexothérapeute
& Somatothérapeute

Sandie, qui es-tu ? Comment en es-tu arrivée à ce que tu fais ?

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Ma vie a basculé quand ma fille avait un an. Avant ma vie allait bien, je travaillais dans la pub qui est un milieu de paillettes, de strass, de fêtes. Le jour où elle a eu un an, ma fille a été hospitalisée car elle faisait des malaises étranges. S’en sont suivis le diagnostic, les suspicions de tumeur cérébrales, d’épilepsie... Au bout de quatre mois, les médecins ont conclu par une immaturité du cerveau. Ils ont arrêté de chercher et j’ai organisé une fête pour ma fille à qui j’ai promis que nous ne retournerions plus à l’hôpital.

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Quel sens as-tu donné à ce choc de vie, comment as-tu repris ta vie ?

 

Je me suis d'abord effondrée. Je ne savais plus qui j’étais ni quel sens je voulais donner à ma vie. Je ne me retrouvais plus dans le fait de gérer des millions en laissant ma fille à la garderie. J’ai arrêté de travailler, ai déménagé et me suis occupée de mes enfants et de mon voisin qui était malade. Accompagner ce monsieur dans sa maladie fut un parcours initiatique. Je me suis rendu compte que j’acceptais et accueillais la vue du corps malade, très malade puis mourant. Nos échanges étaient d’une intensité et d’une authenticité rares : pas de masques, pas de regrets. Il se montrait tel qu’il était. Et dans sa relation avec sa femme également. Il savait qu’il allait mourir. Quand il ne pouvait plus parler, j’ai pris soin de son corps amaigri et douloureux. Quand ma respiration était tranquille et fluide, il se calait sur mon rythme. C’était sécurisant pour moi de me dire qu’il y avait encore un endroit où je pouvais l’aider. Je pouvais l’accompagner jusqu'à son dernier souffle.

 

J’ai ensuite cherché ce que je pouvais faire pour accompagner, je voulais étudier pour être avec des corps malades qui avaient des choses à dire. C’était à moi de trouver les outils pour comprendre ce qui ne se disait plus. Le langage passait désormais par le corps et non par le verbal. Je me suis alors formée à la réflexologie. Aujourd’hui, j’utilise des outils de relaxation ou de sophrologie mais mon outil préféré est la respiration, car elle est une expansion de conscience.  

 

C’est dans cet espace que je rencontre la respiration de l’autre. Quand la personne rend ses derniers souffles, souvent elle a peur, elle a tendance à bloquer ses inspirations, or si elle bloque, c’est plus douloureux pour elle. Mon rôle consiste donc à guider la respiration pour inviter au lâcher-prise, pour détendre le corps et réduire la respiration jusqu’à ce que cela s’arrête. En gros, c’est l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux pour aider à partir en paix.

 

Tu es également sexothérapeute ?

 

Au cours de la maladie, la personne est tellement concentrée sur les urgences vitales et sur les traitements qu’elle en oublie sa vie intime et sexuelle. Mon travail consiste à permettre à la personne malade de continuer à avoir une énergie sexuelle. Avec un PAC, une ablation de la poitrine pour le cancer du sein, ou d'un membre, on se dit que l’ont ne peut plus faire l’amour… Or, avec l’âge, le corps nous pousse tous à être créatifs, car passé la ménopause, les femmes lubrifient moins et les hommes ont moins d’érections. Tout dans la vie nous pousse à nous adapter et à être créatifs. La maladie c’est un peu comme si on était avancés dans l’âge : les médicaments et les traitements viennent altérer la libido, la chirurgie modifie le corps, mais cela ne veut pas dire que la sexualité doit s’arrêter là.

 

Il faut trouver une autre forme de communication, avec son corps, avec le corps de l’autre, pour l'aimer, le désirer et partager un moment d’intimité. Se faire confiance et s’abandonner à la confiance de l’autre. C’est là que la sexualité est magique… Faire l’amour est une forme de communication qui n’est pas verbale et qui peut même être divine. Faire l’amour régénère

et donne la sensation d’être vivant et nous avons tous besoin de nous sentir vivants.

 

Peux-tu partager la belle histoire du patient que tu m’as racontée ?

 

Un matin à l’hôpital, lors d’une réunion de service, les infirmières me parlaient d’un malade

âgé de 85 ans avec lequel, elles étaient en difficulté pour les soins. Chaque fois qu’elles entraient dans la chambre, il les pinçait et enlevait son pantalon. C’était difficile pour elles de pratiquer les soins et d’assurer un suivi normal. Elles cherchaient à raccourcir le temps du soin. Je suis entrée dans la chambre de ce monsieur et me suis installée à côté de lui. Très vite, ce monsieur m'a dit que s’il avait 10 ans de moins, il m’épouserait. « Quel serait le sens pour vous de m’épouser ? », lui ai-je répondu. « Je vous prendrais la main et on passerait du temps ensemble. » Je me suis alors assise sur son lit, lui ai pris la main et lui ai demandé ce que cela lui ferait de me prendre la main et de passer du temps avec moi. « Je vous dirais des mots d’amour, des poèmes, on partagerait les nuits sous les étoiles et on referait le monde. » En discutant avec lui, je me suis rapprochée de lui et lui ai dit que l’on n’a pas besoin d’être mariés pour être tendres et en lien. La tendresse peut se passer aussi à l’hôpital et on n’a pas besoin de forcer et d’abuser du corps. Il s’est mis à pleurer et m’a dit que pour lui, c’était terminé, qu’il était vieux, et qu’il ne pourrait plus jamais faire l'amour. Après cet échange, les infirmières n’ont plus jamais eu de souci.

Dominique Vallée, 
Magnétiseuse
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