Arnaud
Riou
Auteur
Conférencier & Coach (75)
Arnaud, que faites-vous ? Comment en êtes-vous arrivé à ce que vous faites aujourd’hui ?
J’ai écrit une douzaine de livres, j’anime des stages sur la confiance en soi, sur la connaissance de soi depuis vingt-cinq ans. J’organise aussi des séjours initiatiques et des retraites un peu partout dans le monde. J’ai commencé par le théâtre pour mieux comprendre qui nous sommes, comment fonctionnent les émotions, comment se forge une personnalité comprendre comment fonctionnent les relations. Progressivement, j’ai cheminé vers la question existentielle : « Comment créer sa vie comme on crée un personnage de théâtre ? » en étant à la fois, le metteur en scène, l’acteur et l’auteur… Je suis ensuite allé en Inde et au Tibet. Je me suis intéressé à la méditation, au chamanisme, à la pleine conscience, au bouddhisme et aux arts martiaux pour comprendre l’énergie. À partir de tous ces outils glanés pendant une quinzaine d’années, j’ai créé ma propre pédagogie - la voix de l’acte. C’est une approche consciente de la totalité de l’être. C’est une approche qui permet d’accompagner l’être humain dans sa posture globale : cœur, corps, esprit.
Aujourd’hui, je supervise des thérapeutes, je parcours le monde pour transmettre ces outils et accompagner quiconque souhaite retrouver sa mission de vie.
Qu’est-ce que la méditation, la quête d’alignement « cœur, corps, esprit » et la quête de sens apportent à court et long terme à la personne qui s’y met ?
Comprendre et ressentir que le cœur, le corps et l’esprit ne sont pas séparés. On ne peut pas séparer l’alternateur, la boîte de vitesse et l’embrayage, s’il y en a un qui est cassé, la voiture n’avance plus. Pour nous, humains, c’est pareil, il y a différents systèmes et l’un a besoin de l’autre pour fonctionner. Le corps qui fonctionne sans le cœur, ce n’est pas possible. Si le corps fonctionne bien, mais le cœur est fermé, ça ne fonctionne pas. On a naturellement besoin d’aligner le corps, le cœur et l’esprit. La méditation est l’un des outils pour nous permettre de ressentir et mieux comprendre le corps, être plus présent dans le cœur et être relié à l’esprit.
Au bout de combien de temps, au bout de combien de méditations commence-t-on à ressentir les premiers bénéfices ?
C’est très difficile de le dire, c’est propre à chacun. Certains vont ressentir un mieux être dès la première méditation, d’autres méditent depuis des années et il ne se passe rien. C’est vraiment propre à chacun. C’est une voie, pas une recette miracle. C’est comme si vous me demandiez
« À partir de quand le sport fait-il du bien ? ». Si quelqu’un fait régulièrement du sport, fait attention à son alimentation, soigne son rythme de vie, naturellement, la personne sera mieux dans sa vie, mieux dans son corps. Au niveau de l’esprit, c’est la même chose.
Il n’y a pas un petit truc, qui pourrait aider à ressentir les choses plus facilement comme par exemple, cligner de l’œil ?
Non, il n’y a pas de petit truc. Enfin si, le petit truc, c’est la patience. Avec de la patience, de la constance, de la persévérance. Et en développant la patience, la constance et la persévérance, c’est obligatoirement payant. Par essence, la méditation n’est pas faite pour aller vite, mais à l’inverse de cela. Aujourd’hui, on est toujours en quête de rapidité. C’est justement quand on veut aller vite que l’on s’éloigne de l’essence, de l’être. Notre société est conditionnée par le faire, par l’avoir. Nous nous définissons à partir de ce que nous faisons, à partir de ce que nous avons, mais très peu à partir de qui nous sommes.
Vous est-il arrivé d’accompagner des personnes atteintes de cancer ou de maladie grave
et comment les avez-vous accompagnées ?
Oui bien sûr, cela arrive. La maladie quand elle arrive peut aussi être une alerte pour s’intéresser plus à soi. Pour s’interroger davantage sur ce qui nous arrive, qui nous sommes, sur la fragilité de l’existence. Des questions qui ramènent à l’essentiel.
Que dites-vous à ces personnes lorsqu’elles sont dans vos groupes ou en coaching individuel ?
Pour les chamanes, il faut toujours intégrer ce qui se passe. Quoi qu’il nous arrive, il y a toujours une opportunité de le regarder pour comprendre, pour mettre de la conscience, pour mettre de l’amour dessus. Il y a des choses sur lesquelles on peut agir, d’autres sur lesquelles on ne peut rien. Commençons donc déjà par mettre de la conscience, cela permet déjà d’aller mieux.
« Mettre de la conscience », ça veut dire quoi exactement ?
Dans un premier temps, cela signifie regarder la pathologie. Qu’est-ce que la pathologie m’empêche de faire ? Qu’est-ce qu’elle me permet de faire ? Cela vaut le coup de rechercher le sens de ce qu’il m’arrive. Pour les chamanes, pour qu’il y ait une guérison, il faut qu’il y ait une compréhension. C’est pour cela que l’on délègue la guérison aux médecins qui nous accompagnent. Mais nous sommes les premiers acteurs de notre guérison et pour être acteurs, nous avons besoin de comprendre notre sens. Cela ne veut pas dire, « j’ai un cancer du rein, ça veut dire ça ou j’ai un problème avec ma mère c’est pour ça que j’ai mal là », non, c’est bien plus complexe que cela. C’est donner un sens à ce qui empoisonne le corps. C’est plus difficile avec les enfants, car, parfois, il va y avoir des causes familiales ou psychogénéalogiques. Quand une femme a un cancer du sein, c’est plus facile à percevoir et à comprendre, on a plus d’indices. Quand il s’agit d’un enfant qui a une sclérose en plaques, c’est plus difficile de comprendre.
A ce sujet, il y quelques jours, avec mon fils, nous avons fait une constellation familiale et la psychogénéalogie est bien ressortie.
Super, c’est formidable que votre fils soit ouvert à ça ! La constellation familiale, c’est un outil qui va avec la méditation car ça amène une information tangible et immédiate. C’est épatant, car d’emblée, on met de la compréhension, et quand on met de la compréhension, la guérison d’un mal-être inexplicable et de la souffrance suit. Je me rappelle d’une dame qui venait en stage pour un problème d’épaule, et au cours du stage, elle a parlé de sa mère qui était bi polaire. Je lui dis que son problème est toujours d’équilibrer les pôles et d’un seul coup, cette personne a pris conscience, qu’elle passait son temps à prendre sur elle pour équilibrer les pôles. Dès lors qu’elle a rendu la pathologie à sa maman, son épaule allait mieux. Des fois, c’est évident, des fois, c’est plus complexe…, c’est comme un puzzle.
Quel conseil donneriez-vous à une personne malade qui vient vous voir ?
Dans un premier temps, je l’inviterais à mettre de la douceur, de la conscience et de la bien-venue sur ce qui arrive. Mettre de la bienveillance.
Pas de colère ?
Non et ne jamais séparer le corps de la maladie. On a tendance à vouloir que la maladie soit une partie extérieure à nous, une partie qu’on n’aime pas, une partie qu’on n’aime pas voir. Mais cette partie fait partie de nous, elle fait partie de notre histoire. Et comme tout ce que l’on met de côté, plus on le met de côté, plus ça prend du pouvoir. À partir du moment où l'on accepte de se dire :
« OK, la maladie, c’est une partie de moi, cela s’apaise et la réponse vient. »
Au-delà des traitements médicaux qui sont évidemment essentiels, qu’est-ce que vous recommanderiez ?
Il y a un proverbe qui dit : « Pour guérir, commence par trouver ton médecin. » C’est à chacun de trouver le médecin qui lui correspond. Le médecin qui propose les soins qui correspondent à notre vibration. Cela passe évidemment par la médecine moderne, mais aussi par, l’ayurvéda, l’acupuncture, la visualisation, la méditation, le taï chi… Ce sont des soins, parfois millénaires… Tout cela consiste à trouver notre propre rythme à la guérison. En général, plus on va mal, plus on veut que ça aille vite… Plus on a de patience, plus on a de conscience et plus on peut commencer à explorer d’autres outils qui sont plus holistiques. C’est à chacun d’être très attentif et d’écouter ce que dit son cœur, car c’est à nous de trouver. On reçoit beaucoup de conseils dans ces moments-là. Chacun va pouvoir dire ce qu’il a expérimenté : le médecin moderne va parler des nouvelles techniques de soins. Le naturopathe parlera de naturopathie… L’acupuncteur parlera d’un dérèglement des méridiens, chacun utilise sa connaissance et le malade, lui, sait ce qui est bon pour sa guérison. C’est lui qui écrit sa guérison, qui est acteur de sa guérison. Chaque acte qu’il pose contribue à ajouter de la conscience, ajouter de l’amour, ajouter de la guérison.
Qu’aimeriez-vous dire à une personne qui accompagne une personne malade ?
Qu’elle s’assure d’être elle-même très bien accompagnée. Pour qu’il n’y ait pas de phénomène de miroir et de protection. Qu’elle revienne à l’essentiel : plus elle sera consciente, plus elle pourra donner de la confiance. Et le malade a besoin d’être en confiance. Avoir quelqu’un de confiance autour de lui. Dans l’accompagnement en fin de vie, on n’a pas besoin de gestes complexes, juste besoin d’une vraie présence, bienveillante. D’une personne sur qui se reposer. La personne a besoin d’être écoutée, d’être entendue plus que de parler. Elle a besoin de choses simples qui vont en ce sens et qui ont du sens.
Qu’aimeriez-vous ajouter ?
Je voudrais que tout le monde apprenne à faire cohabiter les médecines modernes et des approches de plusieurs millénaires. Bien sûr, on ne souhaite pas la maladie mais quand la maladie arrive, c’est une opportunité qui nous est donnée pour en apprendre sur nous et pour apprendre en général. Et pour apprendre sur ce qui est au bout de la maladie : la guérison. Et la guérison, c’est tellement magnifique, car c’est la guérison du corps, c’est la guérison du cœur, c’est la guérison de l’âme… On n’est pas obligé de passer par la maladie pour vivre la guérison, mais on peut tous arriver à une forme de guérison.